Les avantages des maisons de retraite qui acceptent des animaux

Publié le 21/10/2024


Les animaux de compagnie sont de précieux alliés. En sus d’être source de réconfort, ils jouent un rôle essentiel dans l’amélioration du bien-être et de la qualité de vie des résidents, mais ils aident aussi à rompre la solitude et améliorent notre état de santé. Chaque jour, davantage  de maisons de retraite reconnaissent ces bienfaits et choisissent d’intégrer des animaux au sein de leurs établissements. C’est dans  ce contexte, que nous rédigeons cet article pour mieux comprendre pourquoi et comment les animaux contribuent à améliorer la qualité de vie des résidents


Pourquoi intégrer des animaux dans les maisons de retraite ?

Les maisons de retraite et les E.H.P.A.D. qui intègrent des animaux dans leurs murs ne le font pas seulement pour apporter de la compagnie. La zoothérapie en E.H.P.A.D. procurent aux résidents des bénéfices concrets en termes de bien-être physique et mental. 





Le bien-être émotionnel et la réduction du stress

Comme l’ensemble des Français qui ont à leur domicile des animaux de compagnie, les animaux apportent de la joie, du rire et du plaisir. Les résidents développent ainsi des liens émotionnels forts avec les animaux, ce qui leur permet de réduire leurs niveaux de stress et d'anxiété. De nombreux résidents parlent même aux animaux, les considérant comme des confidents.


Une amélioration de la santé physique

Les animaux encouragent les résidents à rester actifs. Par exemple, une promenade avec un chien favorise l’activité physique douce, et est  bénéfique pour la santé cardiovasculaire du résident. Par ailleurs, des  activités simples comme nourrir les animaux ou les caresser peuvent stimuler la motricité des séniors.


Les différents types d’animaux dans les maisons de retraite

De nombreux animaux peuvent être accueillis en maison de retraite, chacun apportant ses  avantages. L’on trouve ainsi dans les établissements des chiens, des chats et même des animaux de ferme, qui viennent répondre aux désirs des résidents mais aussi à leurs besoins. Les chiens de thérapie
Les chiens de thérapie sont souvent formés pour répondre aux besoins émotionnels et physiques des résidents. Ils rendent régulièrement visite aux résidents des  maisons de retraite, apportant chaleur et affection. Ils sont capables de ressentir les émotions humaines et interagissent offrant câlins, présence, douceur et intérêt.


Les chats

Calmes et indépendants, les chats conviennent parfaitement aux résidents qui recherchent un compagnon qui soit d’une nature plutôt  tranquille. Les chats sont en effet connus pour leurs vertus apaisantes. Lorsque l’on est de nature solitaire ou que l’on est seul, leur simple présence peut aider à créer un environnement sécurisant, mais saviez-vous que nos caresses nous font baisser notre pression artérielle et nous aident à garder des idées positives et donc à améliorer notre santé mentale ? 


Les animaux de la ferme


Certains établissements adoptent une approche plus inhabituelle  en faisant appel à des animaux de ferme comme des poules, des lapins ou même des chèvres. Ces animaux, bien souvent, remémorent aux résidents qui ont grandi à la campagne, ou qui y ont été pendant leurs congés,et des souvenirs de jeunesse, stimulant ainsi des conversations, des instants partagés, et des moments agréables.


Les petits animaux

Des animaux plus petits, comme les poissons ou les oiseaux, sont souvent choisis pour leur capacité à rendre l’environnement  plus apaisé mais aussi plus vivant. Le chant d’un oiseau influence l’organisme des vivants et est d’ailleurs utilisé en musicothérapie où des sentiments de joie envahissent ceux qui les écoutent. L’aquarium est quant à lui recommandé pour les séniors ayant besoin d’un environnement relaxant ; il aide à se sentir détendu mais accélère aussi la guérison de certaines maladies liées au stress. 




Les avantages psychologiques et émotionnels des animaux pour les Séniors


La solitude, l’isolement et les pensées pas toujours positives, sont des sentiments courants chez les personnes âgées. L’impact des animaux de compagnie est bénéfique sur notre santé mentale et améliore globalement l’humeur et le bien-être émotionnel des résidents. 


La réduction de l’isolement social grâce aux animaux 

Les animaux ont un impact positif, car ils créent autour d’eux une communauté de résidents qui se rassemblent pour interagir avec eux, ce qui favorise les conversations, les échanges et surtout les joies. même pour les personnes plus réservées.


Un constat d’amélioration de l’humeur et une réduction des symptômes de dépression

Les animaux stimulent la production d’ocytocine, une hormone du bonheur contribuant à réduire les symptômes de dépression chez les résidents. Ils apportent, chaque jour,des moments de joie,  améliorent l’humeur et le moral des résidents et cassent leur solitude.

La stimulation cognitive

Les animaux sont un excellent moyen pour  stimuler la mémoire des résidents atteints de démences, comme la maladie d’Alzheimer. En interagissant avec eux, les résidents font appel à leurs souvenirs et expériences ce qui vient stimuler leur mémoire, renforcer et améliorer leur bien-être émotionnel. La stimulation cognitive chez les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer grace à  la thérapie assistée par les animaux (AAT) a montré des effets prometteurs. Plusieurs études mettent en lumière les bénéfices de cette approche, en particulier pour les résidents de maisons de retraite.

Une étude réalisée par Menna et al. a démontré que les interactions avec des chiens aidaient les patients atteints de démence à maintenir leur attention et à raviver des souvenirs, contribuant ainsi à une amélioration de certaines de leurs fonctions cognitives. L’étude utilisait des sessions de jeux structurés avec les chiens, qui intégrait des stimulations multimodales (verbales, visuelles et tactiles). Cette approche a révélé que “l’AAT peut fonctionner comme un traitement complémentaire bénéfique et efficace, en particulier dans le domaine des symptômes comportementaux et psychologiques, pour les patients présentant différents degrés de gravité de démence, si l’AAT cible leurs besoins et intérêts spécifiques”.

L’étude montre aussi que l'AAT améliore la santé mentale puisqu’elle déclenche un sentiment de relaxation, réduit le sentiment d'anxiété et de solitude et stimule l'intellect en aidant à se remémorer des souvenirs. 
Mais, l’AAT améliore aussi la santé physique, puisqu’elle aide à réduire la tension artérielle, améliore la santé cardiovasculaire, diminue la quantité de médicaments, réduit la douleur physique et aide à s'engager dans des interactions sociales. 
Pour les personnes atteintes de démence, l'AAT présente les avantages certains et contribue à : 

  • augmenter l’activité physique en caressant l'animal ou en allant le promener,
  • soulager le syndrome dit du coucher du soleil, qui se manifeste par une agitation accrue, une nervosité, une désorientation et un comportement agressif,
  • améliorer la mémoire à court terme et les capacités de communication,
  • améliorer les habitudes alimentaires,
  • réduire la solitude,
  • libérer des endorphines et d’autres hormones telles que l’ocytocine, la prolactine et la dopamine. 


Nous rappelons que:
- l’ocytocine permet de stimuler l’émission de lait et des contractions utérines. Elle favorise aussi la générosité, l’empathie, la sexualité et la réactivité au stress. 

- la prolactine est une hormone produite par l’hypophyse qui joue un rôle certain dans la lactation, la reproduction et la libido.

- La dopamine est produite par certaines neurones qui lorsqu’elles “dégénèrent” sont responsables de l'apparition de la maladie de Parkinson ou lorsqu’elles sont en trop grand nombre seraient responsables de troubles schizophrènes, mais nous la connaissons plus comme étant l’hormone de la sensation de plaisir, une récompense, que l’on reçoit et qui nous incite à renouveler le comportement qui nous y mène.

Une autre étude menée en Espagne a appliqué la thérapie assistée par des chiens auprès de résidents atteints d'Alzheimer (d’une démence légère à modérée), mesurant sur l’échelle QUALID* (Quality of Life in Late-Stage Dementia), .“l'impact que la maladie et le traitement qui en découle, ont sur la perception de satisfaction et sur le bien-être physique et psychique que l'observateur a mis en évidence à travers les 11 éléments de l'échelle d'observation QUALID” .

Au travers de ces 11 éléments, “il s'agit notamment d'observer les états affectifs et subjectifs des patients dans leur vie quotidienne (sourire, pleurer, paraître triste, contrarié, irritable ou calme) et les comportements indiquant un confort ou un inconfort dans les activités de base de la vie quotidienne considérées comme importantes d'un point de vue social (aime manger, aime toucher ou interagir avec les autres). Les éléments sont notés en fonction de la fréquence d'occurrence sur une échelle de Likert à 5 points. Le score total de l'échelle varie de 11 (meilleure qualité de vie) à 55 (pire qualité de vie).”

Les résultats ont montré, pour chaque individu observé, des améliorations physiques, comportementales et psychologiques significatives qui viennent se traduire par une amélioration de leur qualité de vie. L’étude suggère d’utiliser cette thérapie “animale” dès l’apparition des premiers symptômes ; elle sera bénéfique tant pour la personne malade que pour son entourage qui l’accompagne.  
(Selon le média de publication scientifique international Frontiers).

Ces études montrent que la thérapie assistée par les animaux peut non seulement soutenir le bien-être affectif, mental et physique des patients atteints par la maladie d’Alzheimer, mais aussi contribuer à maintenir et à stimuler certaines fonctions comportementales, sociales et  cognitives. Ces nouvelles approches thérapeutiques non médicamenteuses sont particulièrement intéressantes dans l’offre de service qu’apportent les E.H.P.A.D. à leurs résidents qui voient avec  les animaux un soutien dans leurs soins  mais aussi un lien affectif donnant un peu de “lumière” à la vie des résidents.




Les effets positifs des animaux sur la santé physique des Séniors

Au-delà des bienfaits psychologiques, le simple fait que les personnes âgées se promènent avec leurs animaux ou les caressent contribue aussi à maintenir un bon état santé physique.


Un encouragement à l’activité physique

Comme indiqué précédemment, les animaux, en particulier les chiens, incitent à l’exercice léger. Marcher avec un chien, même sur de courtes distances, permet de rester actif et de stimuler  ainsi le système cardiovasculaire. Cela est particulièrement utile pour les résidents dont l’activité est limitée.


Réduction de la tension artérielle et des niveaux de stress

Caresser un animal réduit également  la tension artérielle et les niveaux de cortisol, l’hormone du stress et de l’énergie, synthétisée à partir du cholestérol (elle est produite pour nous donner l’énergie nécessaire à notre fuite - ou lutte -  lors d’un fort pic de stress : le foi produit ainsi du sucre quand la dégradation des lipides se voit augmentée).  Les animaux procurent  ainsi un sentiment de calme et de sérénité, facilitant la relaxation des résidents.


Les maisons de retraite qui permettent aux résidents d'amener leurs propres animaux

Pour certains résidents, leur animal de compagnie est leur  principal lien avec leur passé et leur maison. Conserver ce lien lors de leur entrée en maison de retraite peut considérablement améliorer leur adaptation à ce nouvel environnement, l’animal étant source de réconfort et de continuité dans un nouvel environnement, étranger.

Les critères d’admission

Certaines maisons de retraite permettent aux résidents d'amener leurs propres animaux, sous certaines conditions toutefois. Ces animaux doivent être en bonne santé et respectueux des autres résidents. Les établissements imposent souvent des restrictions sur la taille et le nombre d’animaux présents pour garantir le bien-être de tous.

La loi du Bien Vieillir, votée le 27 mars 2024 demande cependant aux établissements pour personnes âgées de garantir à leurs résidents « le droit d'accueillir leurs animaux de compagnie. » Leurs propriétaires devront toutefois être en mesure d'« assurer leurs besoins » dans de bonnes conditions d'hygiène et de sécurité. « Un arrêté ministériel doit encore définir la liste des catégories d'animaux domestiques qui pourront être admis, ainsi que leur taille maximale. Chaque Ehpad pourra s'opposer à cette mesure, en cas de refus exprimé au sein du conseil de la vie sociale, où sont représentés les résidents et le personnel de l'établissement. » (France Info - 27/03/2024)”. L’on sait d’ores-et-déjà que les chats, les poissons, les petits chiens et les canaris seront acceptés.

Les bénéfices de cette option

Comme nous venons de le voir, permettre aux résidents d’interagir avec leur animal de compagnie, est un complément efficace voire essentiel pour améliorer sa qualité de vie, son confort, sa santé mentale et physique mais aussi ses troubles cognitifs et douleurs perçues. L’anxiété diminue, le corps est stimulé physiquement, l’esprit continue d’être actif, le lien social est stimulé, entretenu les relations positives aussi et la tension artérielle diminue.


Réglementations et conditions pour la présence d’animaux de thérapie en E.H.P.A.D.

Maud Lafon, dans son article de la Dépêche Vétérinaire du 21 juin 2023 N°1670 explique que l’activité est difficile à quantifier, très peu encadrée sur le plan juridique, très variable dans ses pratiques. La réglementation sur les animaux en E.H.P.A.D. demeurent déterminée par les établissements.

Elle poursuit en indiquant qu’aujourd’hui, il n’existe pas de textes encadrant l’activité de médiation par l'animal. En effet, peu de formations confèrent un diplôme d'Etat lié à cette activité. Ce sont bien souvent des certifications de droit privé dont les contenus, la durée et leur coût  sont librement définis par les organismes de formation. Être référencé RNCP (Répertoire National des Certifications Professionnelles)  n'est donc pas un gage de qualité ou de contenu.

Néanmoins elle précise que,
  • Depuis septembre 2021, une licence professionnelle « Métiers de la relation à l'animal compagnon : médiation, éducation, comportement » est proposée par le centre de formation Animal University et l'université Paris-Nanterre.


  • Les acteurs se sont aussi réunis au niveau national et international en élaborant des guides de bonne pratique et des chartes déontologiques. L'IAHAIO (International Association Human-Animal Interaction) regroupe ainsi 90 membres dont la Fondation A&P Sommer.

Pour autant, elle termine en indiquant que “les vétérinaires, en tant qu' évaluateurs et garants de la santé physique et psychique des animaux médiateurs, sont partie prenante de cette structuration de la médiation animale et doivent y tenir un rôle. Certains considèrent même qu'il serait pertinent de mettre en place une véritable « médecine du travail » vétérinaire.”

Elle poursuivait ses propos en s’appuyant sur une enquête de 2001 faite auprès d'un millier d'établissements pratiquant la médiation animale, qui montrait  “que cette pratique bénéficiait en priorité aux établissements liés au handicap (41,7 %), devant les EHPAD** (33,4 %). Venaient ensuite les secteurs de la justice (prison), de l'aide sociale à l'enfance, de l'enfance et de la petite enfance. Les animaux impliqués sont des chiens dans plus de la moitié des cas (51 %), devant les chevaux (24 %), les animaux de ferme (13 %), les ânes (9 %).
La présence d'animaux dans les maisons de retraite est source de bonheur et de réconfort pour les résidents ; elle améliore leur qualité de vie, leur santé et réduit leur sentiment d’isolement.
Les animaux contribuent ainsi à transformer les lieux de soins, en lieux de vie agréables, et réconfortants pour les séniors.