La Zoothérapie en EHPAD : entre compagnie animale et soin thérapeutique

Publié le 04/06/2024



Chiens, chats, chevaux, cochons d’inde, chouettes, lamas... Les animaux sont de plus en plus souvent conviés au sein des E.H.P.A.D. pour la plus grande joie des résidents. Cette pratique, la zoothérapie, aussi connue sous le nom de médiation animale, est, au-delà des aspects ludiques, une démarche  thérapeutique visant à améliorer la santé mentale et physique des individus grâce à l'interaction avec des animaux. Cette approche repose sur le principe que le contact avec les animaux induit des effets bénéfiques significatifs, notamment en réduisant le stress, en stimulant la mémoire, et en favorisant la communication. Dans les établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD), la zoothérapie se révèle particulièrement efficace pour améliorer la qualité de vie des résidents. 

Quelles sont les différentes formes de cette pratique, quels sont les animaux les plus utilisés, quels sont les bienfaits pour les résidents. La réaction de MMS répond à ces questions centrales.


Entre activité ludique et thérapie encadrée : faire la différence entre AAA et TAA

On distingue généralement deux approches méthodologiques en zoothérapie :

La première concerne les activités assistées par l’animal (AAA). Dans ce cas, l’objectif est essentiellement ludique et récréatif. Les personnes âgées participent à des ateliers avec différents types d'animaux pour profiter de leur présence, s’en occuper, jouer avec eux... Ces séances ne poursuivent pas d'objectif thérapeutique faisant l'objet d'une évaluation des progrès, ou d’une mesure de l’impact cognitif ou psychomoteur des pratiquants. La visée des ateliers est plus récréative que thérapeutique au sens scientifique du terme. Cette approche, moins formelle, est l’une des plus répandues et facile à mettre en œuvre car les animateurs peuvent être des bénévoles, des para-professionnels ou simplement des membres du personnel soignant qui ont été initiés aux bonnes pratiques. Notons que même si ces activités ne poursuivent pas d'objectif clairement thérapeutique, elles restent toujours très bénéfiques et particulièrement appréciées des membres de l'EHPAD.

La première concerne les activités assistées par l’animal (AAA). Dans ce cas, l’objectif est essentiellement ludique et récréatif. Les personnes âgées participent à des ateliers avec différents types d'animaux pour profiter de leur présence, s’en occuper, jouer avec eux... Ces séances ne poursuivent pas d'objectif thérapeutique faisant l'objet d'une évaluation des progrès, ou d’une mesure de l’impact cognitif ou psychomoteur des pratiquants. La visée des ateliers est plus récréative que thérapeutique au sens scientifique du terme. Cette approche, moins formelle, est l’une des plus répandues et facile à mettre en œuvre car les animateurs peuvent être des bénévoles, des para-professionnels ou simplement des membres du personnel soignant qui ont été initiés aux bonnes pratiques. Notons que même si ces activités ne poursuivent pas d'objectif clairement thérapeutique, elles restent toujours très bénéfiques et particulièrement appréciées des membres de l'EHPAD.

Dans la deuxième approche, les thérapies assistées par l'animal (TAA), les séances sont dispensées par un professionnel qui doit avoir une formation appropriée non seulement dans son domaine d'expertise initial (psychologie, ergothérapie, etc.), mais également en médiation animale pour assurer des interactions sécurisées et bénéfiques entre les patients et les animaux. Il peut donc s’agir de psychologues et psychothérapeutes qui vont intégrer les animaux dans leurs séances de thérapie pour aider à créer un environnement plus détendu et favoriser la communication et le développement émotionnel. Il peut également s’agir d'ergothérapeutes utilisant des activités avec des animaux pour aider les patients à améliorer leur capacité à accomplir des tâches quotidiennes, mais aussi d'infirmiers et d’aides-soignants qui ont préalablement suivi des formations spécialisées. Dans ce cadre, un suivi est mis en place et les thérapeutes évaluent les progrès des participants.

Notons qu'il existe aussi de nombreuses situations que l'on pourrait nommer zoothérapie indirecte ou zoothérapie de circonstance. Dans ce cas, et contrairement aux points évoqués ci-dessus, la relation avec un animal n'est pas directement issue d'une démarche intentionnelle mais s'explique plus par un concours de circonstances. C'est typiquement le cas de Nala, une femelle labrador de la maison de Saint François à Dijon. Cette dernière avait été amenée par son propriétaire puis, au départ de son maître, elle est rapidement devenue une mascotte pour tous les résidents, un compagnon de jeu et de tendresse aussi bien pour les personnes âgées que pour le personnel soignant.


Illustration - Activités Assistées par l’Animal (AAA) : les cochons d’Inde de l’EHPAD de Villeurbanne

L’EHPAD de Villeurbanne a mis en place des sessions de zoothérapie hebdomadaires (tous les jeudis) avec des chiens et des cochons d'Inde. Selon Blandine Touillet, la directrice de l’EHPAD, les ateliers permettent de réaliser des gestes sans que les personnes âgées s'en rendent compte, car elles sont plongées spontanément dans leurs activités. « Notre praticienne travaille sur les couleurs, la proportion des animaux, la texture du toucher et des caresses. » Elle observe que cela aide les personnes âgées atteintes de déficits cognitifs comme des troubles de la mémoire ou de la maladie d'Alzheimer. « Nous avons une personne qui a tendance à beaucoup fuguer et lorsqu'elle est avec son cobaye, elle est absorbée par sa compagnie et cela la détend énormément », souligne la cheffe d’établissement.
Source : BFM Lyon


Les Types d'Animaux Utilisés en Zoothérapie en EHPAD



Si bien évidemment les chiens et les chats sont des « stars » incontournables de certaines maisons de retraite ou EHPAD on observe également depuis plusieurs années une tendance à faire intervenir des animaux plus originaux pour le bonheur des résidents. Voici, sans être exhaustifs, les principaux animaux utilisés :
  • Les Chiens : Les chiens sont les animaux de compagnie les plus couramment utilisés en EHPAD. Ils font même l’objet d’une branche à part de la zoothérapie : la cynothérapie, qui traite des troubles humains avec pour médiateur un chien dit « thérapeutique ». Leur nature affectueuse et leur capacité à établir des liens forts avec les humains en font des compagnons idéaux pour les personnes âgées. Les chiens peuvent être entraînés pour répondre à des besoins spécifiques, comme apporter des objets ou fournir un soutien physique.
  • Les Chats : avec leur nature apaisante et leurs ronronnements thérapeutiques (voir encadré), sont également très bénéfiques. Ils sont particulièrement adaptés pour une personne âgée qui préfèrent une interaction plus calme et moins active.

Le ronronnement des chats est bénéfique pour les os des personnes agées 

Une étude scientifique à ce sujet a été menée par Elizabeth von Muggenthaler, une bioacousticienne qui a découvert que les ronronnements des chats couvrent une gamme de fréquences allant de 25 à 150 Hz, ce qui correspond aux fréquences utilisées en thérapie pour favoriser la guérison des tissus et la croissance osseuse chez les humains. L'étude publiée par Muggenthaler en 2001 suggère que ces fréquences sonores peuvent avoir un effet thérapeutique, accélérant la guérison des fractures, réduisant la douleur et augmentant la densité osseuse.


Les Lapins et Rongeurs

Comme nous venons de le voir dans le cas de l’EPHAD de Villeurbanne, les rongeurs comme les cochons d’inde sont parfaits pour les résidents qui peuvent craindre les animaux plus grands ou qui ont des capacités motrices limitées, les lapins, cobayes, et cochons d’Inde, sont souvent utilisés pour leur douceur et leur facilité de manipulation.


Les Oiseaux et les rapaces

Bien que souvent à part dans les animaux compagnie les rapaces, comme les chouettes ou les faucons, sont très originaux et permettent de créer des ateliers où les résidents ont l’occasion de les faire voler et de participer à une activité extérieure en groupe. 


Les Poneys et Chevaux

Les chevaux et les poneys sont particulièrement utilisés pour leurs bienfaits physiques et émotionnels. De plus, le simple fait de caresser ou d'interagir avec un cheval peut avoir un effet calmant et réconfortant. Les séances d'équithérapie sont souvent réalisées en extérieur, offrant aux résidents l'opportunité de profiter de la nature, ce qui contribue également à leur bien-être général.


Les Moutons

Ils sont également appréciés en zoothérapie pour leur nature douce et apaisante. Ils sont de bonne compagnie, faciles à approcher et à manipuler, ce qui les rend parfaits pour des interactions avec des résidents de tout âge et de toutes capacités. Leur laine douce offre une stimulation tactile agréable, et les soins aux moutons peuvent introduire des routines structurées et significatives dans la vie quotidienne des résidents, tout en favorisant un sentiment de responsabilité et de satisfaction personnelle.


Les Lamas

Les lamas sont de plus en plus populaires en zoothérapie en raison de leur tempérament doux et curieux. Ils sont aussi particulièrement doués pour encourager les interactions sociales et émotionnelles. Leur présence exotique et apaisante peut susciter des réactions émotionnelles positives, brisant l'isolement et favorisant un sentiment de connexion chez les résidents. Les lamas sont également hypoallergéniques, ce qui les rend adaptés aux personnes souffrant d'allergies.  (voir encadré ci-dessous)


Zootherapie - Un Lama pour égayer les Ephads – Le cas de « Jules » à Six Fours 


À première vue, la présence d'un lama dans une maison de retraite peut sembler étrange. Pourtant, c'est la belle initiative de Benjamin Leroy-Blanc, éleveur de lamas à Six-Fours-les-Plages dans le Var. Diplômé en médiation animale, cet éleveur professionnel utilise zoothérapie depuis des années pour améliorer le bien-être des résidents.

Dans sa ferme pédagogique de Six-Fours, Benjamin Leroy-Blanc élève Jules, un lama qui, loin des clichés de l’animal hautain, est un habitué des établissements du grand Age, où il entre dans les chambres pour apporter réconfort et câlins aux résidents.
Depuis six ans, Jules rend visite aux résidents de l’Ehpad « Victoria » sous la supervision de Benjamin qui le forme spécifiquement pour la médiation animale. L'objectif de ces visites est de créer des liens entre l'animal et les résidents, avec des effets thérapeutiques notables. "Cette relation, je vais la guider : inciter les personnes à faire un câlin, à me raconter des choses. On va libérer des tensions, et c'est ce qui permet d'améliorer le bien-être des gens au quotidien," explique Benjamin.

"La réaction se fait immédiatement, surtout auprès de personnes qui connaissent Jules. Dès son entrée dans le réfectoire, il est accueilli par des exclamations admiratives : "Mais qu'il est beau !" et "Ma-gni-fi-cos !" sont quelques-unes des réactions enthousiastes des pensionnaires. Il y a des émotions qui sortent. Il peut y avoir des larmes de bonheur, de joie, même parfois de la tristesse parce que ça leur rappelle des souvenirs. Donc c'est vraiment quelque chose de très positif," témoigne Benjamin Leroy-Blanc.

Pour Michel, un résident de l’Ehpad Victoria, tenir un lama entre ses mains est une expérience inédite et émotive. La directrice de l’établissement, Pascale Chirat, souligne l'importance de ces moments uniques : "On aime faire des choses qui sortent de l'ordinaire. On voit les yeux des résidents qui pétillent. Et c'est important." Jules, avec sa douceur et son caractère placide est devenu une figure aimée et attendue dans les EPHADs et maisons de retraite. 

Bon à savoir : les lamas sont souvent considérés comme hypoallergéniques en raison de leur laine qui produit moins de réactions allergiques comparée à celle d'autres animaux
Source : France 3 PACA


Un double respect : celui des personnes âgées et celui de l’animal



Si le respect des personnes âgées est une évidence absolue pour les professionnels de la zoothérapie ils soulignent également qu'il est essentiel de considérer l'animal avec ses prédispositions et son caractère propre. Tous les animaux ne peuvent pas être d'excellents médiateurs, le professionnel va faire son choix en fonction de la motivation de l'animal, de son caractère et de ses aptitudes à faire montre de patience et de bienveillance spontanée. Pour l'animal cela ne doit pas être un travail mais, pour lui aussi, un moment de partage et d'échanges joyeux. Les professionnels de la zoothérapie sont formés pour comprendre le comportement animal et décrypter finement les situations pour pouvoir intervenir en toute sécurité et sans contraindre l’animal. 


Des bienfaits scientifiquement éprouvés de la zoothérapie en EHPAD

Nous avions évoqué dans notre article sur les animaux en EHPAD les nombreux effets bénéfiques de la médiation animale sur le bien-être physique, cognitif, psychologique et social des résidents en EPHAD, nous rappelons que :  


Sur le plan physique, une étude menée par Friedmann et al. (2015) a révélé que les résidents d'EHPAD ayant régulièrement des visites de chiens présentaient une pression artérielle et un rythme cardiaque plus bas que ceux n'ayant pas d'interactions avec des animaux. Le simple fait de caresser un animal peut également augmenter les niveaux de la fameuse "hormone du bien-être", l'ocytocine, favorisant ainsi la diminution du stress et de l'anxiété (Beetz et al., 2012).


D'un point de vue cognitif, la zoothérapie semble avoir un impact positif sur les troubles neurocognitifs. Une méta-analyse de Cherniack et Cherniack (2014) a mis en évidence des améliorations significatives des capacités cognitives, notamment de l'attention et du raisonnement, chez les personnes âgées participant à des programmes de zoothérapie impliquant différents types d'animaux.


Sur le plan psychologique, la présence d'animaux favorise un sentiment de bien-être et de joie de vivre chez les résidents d'EHPAD. Selon Banks et Banks (2002), les interactions avec des animaux réduisent les symptômes dépressifs et anxieux, tout en augmentant l'estime de soi et la motivation des personnes âgées. De plus, le lien affectif développé avec l'animal peut compenser le manque de contacts humains auquel font face certains résidents.


Enfin, bien évidemment la zoothérapie présente de nombreux bienfaits sociaux. Une étude qualitative de Sollami et al. (2017) a révélé que la présence d'animaux dans les EHPAD facilitait les interactions sociales entre résidents, brisant ainsi l'isolement souvent observé chez les personnes âgées institutionnalisées. Les animaux deviennent alors un sujet de conversation et un point d'intérêt commun, renforçant les liens sociaux au sein de l'établissement.


Pour aller plus loin : Le coup de Cœur lecture de Ma Solution Senior sur la Zootherapie


Quand l’animal devient assistant-thérapeute de Georges-Henri Arenstein



L’auteur, Georges-Henri Arenstein, accompagné de ses collaborateurs éminents, dévoile le pouvoir transformateur des animaux en tant que partenaires thérapeutiques. Cet ouvrage dense et plein d'anecdotes explore en profondeur comment des créatures à quatre pattes, à nageoires ou à plumes peuvent jouer un rôle crucial dans le traitement de diverses affections humaines. À travers des témoignages émouvants et des études de cas détaillées, les auteurs démontrent que l’interaction avec des animaux soigneusement sélectionnés et formés peut non seulement apaiser les troubles émotionnels mais aussi stimuler la réadaptation physique. Que vous soyez un professionnel de la santé, un éducateur ou simplement passionné par le bien-être animal, ce livre vous ouvrira les portes d’un monde où la thérapie prend une dimension nouvelle et touchante. Un incontournable pour comprendre et intégrer la zoothérapie dans notre quotidien, en tant qu'outil précieux de guérison et de connexion humaine.

Pour terminer nous vous invitions à méditer sur une citation de Boris Levinson, cette personne inspirante est le Psychologue américain qui fut le précurseur de la zoothérapie :

« L’animal ne se nourrit pas d’attentes idéalisées envers les humains, il les accepte pour ce qu’ils sont et non pas pour ce qu’ils devraient être. »
ehpad


Références


Banks, M. R., & Banks, W. A. (2002). The effects of animal-assisted therapy on loneliness in an elderly population in long-term care facilities. The Journals of Gerontology Series A: Biological Sciences and Medical Sciences, 57(7), M428-M432.

Beetz, A., Uvnäs-Moberg, K., Julius, H., & Kotrschal, K. (2012). Psychosocial and psychophysiological effects of human-animal interactions: the possible role of oxytocin. Frontiers in psychology, 3, 234.

Cherniack, E. P., & Cherniack, A. R. (2014). The benefit of pets and animal-assisted therapy to the health of older individuals. Current Gerontology and Geriatrics Research, 2014.

Friedmann, E., Galik, E., Thomas, S. A., Hall, P. S., Chung, S. Y., & McCune, S. (2015). Evaluation of a pet-assisted living intervention for improving functional status in assisted living residents with mild to moderate cognitive impairment: a pilot study. American Journal of Alzheimer's Disease & Other Dementias®, 30(3), 276-289.

Sollami, A., Gianferrari, E., Alfieri, M., Artioli, G., & Taffurelli, C. (2017). Pet therapy: A mimicking situation of the mother-child relationship for institutionalized elderly people. Journal of Applied Gerontology, 36(2), 244-258.

Von Muggenthaler, E. (2001). The felid purr: A healing mechanism?. The Journal of the Acoustical Society of America, 110(5_Supplement), 2666-2666.

Zoothérapie : Jules, le lama qui rend heureux les résidents d'un Ehpad -  France 3 Provence-Alpes-Côte d'Azur https://www.youtube.com/watch?v=XMIuNF6Gqys

La zoothérapie testée dans un Ehpad de Villeurbanne – BFM Lyon - https://www.youtube.com/watch?v=9tAKMiVqCok